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Quand la course au bien-être entretient la dépression

Dernière mise à jour : 25 mars 2022

Je ne suis pas très sportive mais la course au bien-être est fabuleusement tentante ! Je m'y suis d'ailleurs plongée allègrement pendant de nombreuses années.

Jusqu'au jour où j'ai réalisé qu'elle entretenait ma dépression.

Hein ?!!!

Ouais, bon... je vous raconte...


Moi, j'ai un terrain dépressif. Tout au long de ma vie, j'ai vécu des épisodes dépressifs plus ou moins intenses de manière chronique. Et j'ai remarqué que mes dépressions commençaient très fréquemment par un sentiment de légère insatisfaction à laquelle je ne trouvais pas de solution et qui gonflait, gonflait, gonflait jusqu'à ce qu'il devienne un immense sentiment de tristesse et que je me retrouve, quelques jours, semaines plus tard, au fond de mon lit en pleurs avec un pot de glace (plusieurs... ;-) !)... et là, c'est moi que ça gonflait !

Là, évidemment, je ne parle pas de dépression réactionnelle comme face à un deuil, un choc, un traumatisme. Non. Juste la "petite" dépression du quotidien.


Cette "petite" dépression du quotidien est devenue une grosse dépression lorsque j'ai eu mon deuxième enfant. Burn-out maternel. Déjà, j'ai mis deux ans à m'apercevoir que j'étais en burn-out... bon, ça, je le raconterai une autre fois... Et lorsque j'ai mis le doigt dessus, j'ai consulté, bien sûr... et puis j'ai lu, j'ai beaucoup, beaucoup lu.

Et là, je tombe sur le Manuel de méditation anti-déprime de Z. Segal, J. Teasdale et M. Williams... Révélation !


Voici ce que j'en ai tiré comme enseignement : plus on a vécu d’épisodes dépressifs dans sa vie, plus il est facile et rapide de retomber dans la dépression car les liens (neuronaux) se renforcent à chaque fois entre l’humeur et les schémas de pensée négatifs. Donc l'idée, c'est de transformer le lien humeur-schéma négatif, de le couper, de l'orienter différemment... super ! mais comment konfé ?

Pour cela, il faut en savoir un peu plus sur le mécanisme de la dépression.


LES MECANISMES DE LA DEPRESSION



Dans la dépression, il existe deux processus :

1. Une tendance à trop penser, ruminer, s’inquiéter à l’excès…

… liée à :

2. Une tendance à éviter, supprimer ou repousser d’autres choses (voire résister)


Donc lorsque le mal-être s'installe, il déclenche des schémas de pensée, des sentiments et souvenirs négatifs du passé qui augmentent le mal être. Chez moi, un léger sentiment d'insatisfaction qui gratte aux entournures provoque : "Oh, zut, il pleut, j'en ai marre du gris, ça me déprime", "ça va être encore une dure journée", "je sais pas quoi faire de ma peau", "par où je commence ?", "c'est quoi le plus important à faire aujourd'hui ?" "ça me stresse de pas savoir par où commencer !"... tout ça qui tourne en boucle dans le cerveau et le sentiment de panique émerge et je n'arrive pas à faire ce que j'ai à faire dans la journée, insatisfaction plus grande, le lendemain pareil en pire etc. etc. jusqu'aux pleurs, lit, pot de glace.

Evidemment avant les pleurs-lit-pot de glace, je cherche des solutions, je cherche à me débarrasser de ce sentiment de mal-être.

Et comment je tente de m'en débarrasser ???! Grâce à la course au bien-être, bien sûr ! Je cherche des solutions dans tous les livres de développement personnel que je trouve, dans les sites internet, sur YouTube, je fais ce qui est écrit, je me dis que je vais y arriver, je fais de la pensée positive, je fais de la méditation, j'écris mes objectifs, j'écris mes intentions à l'univers, je respire, je fais tout comme une bonne élève bien sage !

Mais plus je tente de me débarrasser de ce sentiment, plus il persiste et plus la situation empire !!! Pot de glace. Ou plutôt potssss avec plein de "s". Ce à quoi tu résistes, persiste...

Parce qu'il y a une chose que je n'avais pas comprise :


Nos tentatives pour sortir du problème nous y enfoncent encore plus

car lorsque nous cherchons des solutions,

LE MENTAL EST EN MODE « FAIRE »



Le mode « faire », kesako :

Ici, c’est majoritairement le cerveau gauche qui est à l’œuvre, c’est-à-dire le cerveau « rationnel ».

Pour travailler efficacement, le mode « faire » doit garder à l’esprit et comparer trois idées :

1. La situation actuelle

2. La destination, l’objectif, le résultat

3. ET le résultat à éviter


Le mode « faire »

garde constamment à l’esprit ce que l’on ne veut pas

et le compare constamment à ce que l’on veut !!!

On comprend donc que cela entraîne un mal-être de plus en plus profond


Ce mode est excellent pour résoudre un problème mathématique, une situation extérieure, mais totalement inadéquat pour résoudre un problème émotionnel.

Quand le cognitif (cerveau gauche) gère l’affect (cerveau droit), il y a une erreur…


LAISSER L'EMOTION ÊTRE


Or, ET C'EST CE QUE JE N'AVAIS PAS ENCORE COMPRIS, la seule chose à faire, lorsqu'une émotion arrive, qu'elle soit désagréable ou non, c'est de la considérer comme telle.

L’insatisfaction (tout comme n’importe quelle émotion) fait partie de la condition humaine. Sans intervention de notre part, elle se dissipe naturellement de manière rapide !



Nous sommes humains, nous avons des émotions. Parfois, elle sont agréables, parfois non. Point.

Plus je cherche à éviter la souffrance, plus je l'entretiens.

Vous connaissez l'adage : lorsqu’on tombe de cheval, il faut tout de suite remonter en selle. Sinon la peur s'installe. Et, de la même manière, plus on y pense, plus on a peur et moins on a envie d'y retourner. Blocage.


Et ce que nous vend le marketing du bien-être, c'est plus de confort, moins de souffrances (voire pas).

Et on a envie d'y croire, d'y aller, parce que lorsqu'on souffre, on a envie que ça s'arrête ! Alors on cherche une solution miracle dans les livres, auprès de thérapeutes, dans les cours de yoga, le tarot ou autre...

Et on peut, en effet, trouver un certain réconfort à tout cela.

La question à se poser, c'est : est-ce que ces solutions offrent une anesthésie temporaire ou est-ce qu'elles m'aident durablement et véritablement au quotidien ?


Choisir en conscience, quoi.

Tout n'est pas mauvais, là-dedans, prenons juste conscience de ce que l'on nous vend et de ce que l'on achète et pourquoi.

Moi aussi, je vend mes services. J'ai réfléchi à mon éthique, à ma déontologie. Je suis capable de faire de la publicité sans faire miroiter des miracles. Parce que j'ai vécu des expériences qui m'ont fait prendre conscience qu'on est extrêmement fragile dans les moments de souffrance et que, lorsque la souffrance est telle que n'importe quelle solution est acceptable plutôt que la subir encore, on devient plus influençable, manipulable.


Et puis, il y a aussi dans la société, toutes ces injonctions... notamment l'injonction d'aller bien !




C'est extrêmement culpabilisant : on n'a pas le droit d'aller mal parce qu'on est responsable de ce qui nous arrive, parce qu'on le crée, donc on doit trouver la solution pour aller mieux mais on ne la trouve pas et on ne veut pas être une victime, alors on cherche encore et on trouve encore moins etc. Pfff ! Est-ce qu'on peut nous lâcher un peu la grappe ?!!

Est-ce qu'on peut, soi-même, se lâcher un peu la grappe par rapport à tout ça ?!!


Pour moi, un des apprentissages à faire pour aller mieux durablement est de rajouter de la conscience dans nos choix, dans nos comportements, dans nos pensées et dans nos émotions. C'est un travail, c'est vrai, mais au final, je suis plus heureuse avec mes émotions désagréables, mes souffrances, mes imperfections, mes gueulantes, bref, avec tout ce qui fait de moi un être humain mais que j'ai appris à accepter, plutôt qu'il y a quelques années où je courrais d'énergéticiens en thérapeutes et de numérologues en influenceurs bien-être.


Et je cite de nouveau Carl Rogers parce que pour moi cette phrase est fondamentale :

Ce curieux paradoxe qui fait que c'est au moment où je m'accepte tel que je suis que je deviens capable de changer.

Donc, si vous êtes en grande souffrance, faites vous accompagner ou aidez-vous vous-même mais ayez conscience qu'il n'y a pas de solutions miracles. Il y a un chemin. Plus ou moins rapide, même si ça peut aller très vite, plus ou moins tortueux, même si ça peut aller très droit.

C'est le chemin de l'acceptation, l'acceptation de son humanité, de cette condition à la fois merveilleuse et horrible, qui nous indique que nous sommes vivants.

 

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