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Les émotions : les accueillir avant de vouloir les gérer !

Les émotions sont omniprésentes dans notre vie quotidienne. Une joie, une tristesse, une contrariété, une colère, un sentiment d'injustice, une exaltation... quelles qu'elles soient, elles influencent notre comportement et nos pensées. Et il est essentiel de réaliser que, bien qu'elles puissent être désagréables, elles ont une importance fondamentale dans notre bien-être émotionnel et mental.

Comme des messagers, elles nous transmettent des informations précieuses sur nos besoins, nos valeurs et nos expériences.


Mais leur caractéristique première, c'est qu'elles sont automatiques, elles émergent sans nous demander notre avis, nous sommes donc loin de pouvoir les gérer comme du personnel au sein d'un service RH, par exemple...! Imaginez un peu une DRH qui voit débarquer un nouveau salarié toutes les 30 mn (voire toutes les 30 secondes) ! Je ne suis pas sûre qu'elle puisse gérer quoi que ce soit... Ben, les émotions c'est ça ! Une succession d'états automatiques qui débarquent sans prévenir dans le bureau de notre corps.



Alors, dans cet article, je vous invite à repenser notre relation à nos émotions et à commencer par les accueillir... avant de chercher à les gérer !



1. L'importance des émotions


Nos émotions sont bien plus que de simples réactions chimiques dans notre corps. Elles sont le reflet de notre expérience intérieure, de nos valeurs et de nos désirs les plus profonds. Les émotions agréables (dites abusivement "positives"), telles que la joie, l'amour et l'allégresse, nous apportent une sensation de plénitude et de satisfaction. Les émotions désagréables (dites abusivement "négatives"), comme la tristesse, la colère et la peur, peuvent sembler déroutantes et inconfortables, mais elles contiennent également des messages importants.


C'est quoi une émotion ?


Une émotion peut être considérée comme une combinaison de sensations physiques et de pensées. L'expérience émotionnelle comprend souvent une composante corporelle, où nous ressentons des changements physiologiques tels que des battements de cœur accélérés, une tension musculaire, des frissons ou des papillons dans l'estomac. Ces sensations peuvent être accompagnées d'une réponse cognitive, où nous avons des pensées et des interprétations liées à notre état émotionnel.

Lorsque nous rencontrons une situation donnée, nos sens captent des informations de l'environnement, qui sont ensuite traitées par notre cerveau. Ces informations sensorielles déclenchent des réactions physiologiques et des pensées qui se combinent pour former une émotion spécifique. Par exemple, si nous sommes confrontés à une situation dangereuse, notre corps peut réagir avec une accélération du rythme cardiaque et une montée d'adrénaline, tandis que nos pensées peuvent se concentrer sur la nécessité de s'échapper.

Il est également important de noter que les émotions sont subjectives et peuvent varier d'une personne à l'autre en fonction de leur vécu, de leurs valeurs et de leur sensibilité individuelle. Par conséquent, une même situation peut susciter des émotions différentes chez différentes personnes en raison de leurs perceptions et de leurs expériences uniques.

En comprenant la relation étroite entre les sensations physiques et les pensées dans la formation des émotions, nous pouvons être plus conscients de nos propres processus émotionnels. Cela nous permet de mieux comprendre les facteurs qui influencent nos émotions et d'adopter des stratégies adaptées pour les accueillir, les comprendre et y réagir de manière constructive.



2. Quand nous ignorons nos émotions...


Lorsque les états émotionnels que nous vivons sont agréables, nos émotions nous posent peu de problèmes.

Ceci dit, j'ai remarqué par exemple que, quand mon fils est hyper content, la moindre frustration, la moindre contrariété venant troubler sa joie, entraîne un déchainement de colère impressionnant. Ainsi, la joie, ou plutôt le plaisir, peut par sa frustration, entraîner immédiatement des comportements inadaptés (lancer de chaussures à travers la maison et hurlements de hyène consécutifs !).

D'ailleurs, petit conseil en passant et j'y reviendrais plus tard, évitez d'effectuer un gros achat (genre lave-linge) lorsque vous êtes content et détendu...


Bien sûr lorsque nous vivons du stress, de la colère, de la tristesse ou toute autre émotion désagréable, là, c'est plus compliqué.

Comme notre cerveau recherche le plaisir (immédiat, si possible) et que l'état que nous ressentons nous est désagréable, nous tendons à retrouver du plaisir le plus vite possible. Nous usons donc de stratégies afin de revenir à un état satisfaisant.


Stratégies d'évitement ou de répression des émotions


Dans notre société moderne, nous sommes souvent encouragés à contrôler nos émotions, voire à les supprimer complètement. Des injonctions telles que "sois fort", "ne pleure pas" ou "garde le sourire" sont souvent prononcées dès le plus jeune âge. Les filles entendent fréquemment : "t'es pas belle quand t'es en colère" et les garçons : "arrête de pleurer, sois un homme", ce qui invalide la colère chez les unes, et la tristesse chez les autres. Aujourd'hui de plus en plus de gens ont peur de ressentir du stress tellement ils ont entendu que "c'est mauvais de stresser", du coup, non seulement ils stressent mais, en plus, ils stressent de stresser... sic !

Nous sommes conditionnés à croire que montrer nos émotions voire même les ressentir est une forme de faiblesse, et que nous devons nous conformer à des normes sociales strictes.

Cette culture de la gestion des émotions a des conséquences néfastes. Elle nous éloigne de notre véritable authenticité et nous pousse à refouler des parties essentielles de nous-mêmes. En prétendant que nous allons bien lorsque nous ressentons de la tristesse, de la colère ou de la peur, nous nions nos émotions les plus profondes et nous créons un déséquilibre interne.


De plus, cette obsession de la gestion des émotions peut nous amener à adopter des stratégies de régulation émotionnelle inadaptées.

L'évitement ou la répression des émotions peuvent être des stratégies acceptables uniquement si elles ne sont pas systématisées.

Si, au lieu de ressentir nos émotions, nous cherchons systématiquement à les éviter ou à les étouffer, cela peut nous entrainer vers des comportements compulsifs, comme la suralimentation, l'abus de substances, des comportements excessifs, des addictions. Ces stratégies temporaires ne résolvent pas le problème à sa source et peuvent même aggraver notre bien-être émotionnel à long terme.


Et oui, lorsque nous réprimons ou ignorons nos émotions, elles ne disparaissent pas ! Rien ne se perd, tout se transforme...



3. Accueillir nos émotions


En accueillant nos émotions, nous leur permettons d'être présentes, d'être ressenties et de nous enseigner des leçons précieuses sur nous-mêmes.


J'ai l'habitude de dire à mes clients que l'émotion est comme un enfant qui nous tire par la manche jusqu'à ce qu'on daigne l'écouter. Si on l'envoie sur les roses, il reviendra et pleurnichera de plus belle. Si on l'ignore, il tirera sur la manche de plus belle. La seule manière de faire en sorte que cet enfant s'en aille jouer ailleurs en sautillant, c'est de se mettre à sa hauteur et de l'écouter. Donc de l'accueillir.

Accueillir nos émotions, cela signifie les reconnaître, les accepter et les ressentir pleinement, sans jugement ni résistance. Si je reprends l'exemple de l'enfant, il s'agit de le laisser s'exprimer, sans jugement, jusqu'à ce que son sac soit vide. Sans chercher à le convaincre que "ce n'est rien", que "ça va passer", que "ce n'est pas grave". Juste l'écouter.

C'est pareil pour les émotions. Elles s'expriment à travers notre corps et nous avons "juste" à observer comment elles s'expriment ici et maintenant.


La pratique de la pleine conscience peut nous aider. En portant une attention bienveillante à nos sensations corporelles et à nos états émotionnels, nous développons une capacité à rester présents et à les ressentir sans se laisser submerger. Dans cette pratique, nous observons que l'émotion augmente d'abord d'intensité puis décroit assez rapidement pour enfin disparaître.


Nous pouvons également explorer des formes d'expression artistique, comme l'écriture, la peinture ou la danse, qui nous permettent de donner une voix à nos émotions et de les libérer de manière créative.

J'affectionne particulièrement l'écriture. Ça pose, ça clarifie, ça trie la tête. Vous pouvez, par exemple, poser sur le papier, d'un côté les faits (sans jugement, sans interprétation), d'un autre côté les émotions et/ou les sensations ressenties, et d'un autre encore, les pensées à propos de cette situation. Vous y verrez vite plus clair !


4. Comprendre nos émotions : les messages émotionnels


L’émotion est un indicateur du niveau de satisfaction de nos besoins. C’est l’insatisfaction ou la menace qui plane sur nos besoins qui cause l’émotion. Identifier ses besoins diminue la pression émotionnelle.


J'aime dire que, lorsqu'on l'observe intérieurement, l'émotion ressemble à une vague : d'abord elle nous submerge, puis elle commence à refluer, et de plus en plus... jusqu'à laisser sur le sable une bouteille contenant un message.

Ce message de l'émotion, c'est une invitation à se mettre en action pour remplir le besoin ou le désir profond resté en souffrance, et que l'émotion est venue nous signaler.

Après avoir observé l'émotion évoluer, je demande toujours ce qu'elle est venue me dire. J'ai souvent une réponse. Cette réponse me donne la direction à prendre pour agir de la manière la plus ajustée possible.

Parfois je n'en ai pas. Ça peut être frustrant... Et c'est là qu'il est important de pouvoir l'accepter. Et il arrive parfois que le message arrive après coup, quand je lâche justement cette attente du message...

Rien que le fait d'avoir accueilli l'émotion m'amène déjà à un niveau intérieur bien plus stable et agréable, j'ai déjà gagné ça ! Le message, c'est la cerise sur le gâteau !



En accueillant nos émotions, nous ouvrons donc la porte à une compréhension plus profonde de nous-mêmes.

Pour schématiser :

  • La tristesse peut nous indiquer un manque, un besoin de guérison ou de soutien.

  • La colère peut révéler une injustice ou une violation de nos limites

  • La peur peut signaler un danger réel ou une zone d'inconfort à explorer, à laquelle faire face.

  • Le dégoût peut nous signaler quelque chose de toxique.

Prendre le temps de réfléchir à nos émotions et à leurs origines nous permet d'acquérir une intelligence émotionnelle plus développée.

La compassion envers soi-même joue un rôle crucial dans ce processus de compréhension. Il est important de se rappeler que nos émotions sont valides et légitimes, et qu'il n'y a pas de bonne ou de mauvaise émotion. En nous offrant de la bienveillance et de la compassion lorsque nous explorons nos émotions, nous créons un espace sûr pour apprendre et grandir à partir de ces expériences.


5. La gestion émotionnelle éclairée


Puisque les émotions sont générées de manière automatique, vouloir les maîtriser est une tentation illusoire.

Ce sur quoi nous pouvons réellement agir, ce sont :

  • nos pensées, à partir du moment où nous prenons conscience de nos ressentis agréables ou désagréables liés aux émotions,

  • notre perception du ressenti,

  • notre conscience des processus émotionnels

Et, avant tout, ce qui régule les émotions négatives, c’est de les accepter !


Mais la régulation a un coût et, si nos ressources sont trop faibles (fatigue, faim, soif, gestion d’autres émotions…), nous serons incapables de réguler nos émotions (ou a minima). Il peut arriver à tout le monde d’être « émotionnellement dépassé ».


La respiration consciente et la pratique de la relaxation peuvent nous aider à réguler nos émotions en temps réel. En prenant quelques instants pour respirer profondément, faire de la cohérence cardiaque, et se recentrer, nous pouvons calmer notre système nerveux et réduire l'intensité des émotions ressenties. L'écriture émotionnelle peut également être un outil puissant pour exprimer nos émotions, les mettre en perspective et trouver des solutions constructives.

Il est essentiel de trouver des stratégies de régulation émotionnelle qui fonctionnent pour nous individuellement. Ce qui peut être efficace pour une personne peut ne pas l'être pour une autre. Il est donc important d'explorer différentes techniques et de trouver celles qui nous aident à rester connectés à nos émotions tout en maintenant notre équilibre intérieur.




Il est temps de repenser notre relation avec nos émotions et de changer notre approche de leur gestion. En embrassant l'accueil et la compréhension, nous libérons le potentiel de croissance personnelle et de bien-être émotionnel.

Pratiquons la pleine conscience en accordant une attention bienveillante à nos émotions, en les explorant sans jugement ni résistance. Mettons de côté l'idée de contrôler nos émotions et adoptons plutôt une attitude d'ouverture, d'acceptation et de curiosité envers elles. Apprenons à les comprendre, à écouter leurs messages et à y répondre de manière constructive.

Lorsque nous accueillons nos émotions, nous nous connectons davantage à nous-mêmes et aux autres. Nous renforçons notre intelligence émotionnelle et développons des relations plus authentiques et profondes. Nous cultivons également notre résilience et notre capacité à faire face aux défis de la vie.

Alors, au lieu de chercher à "gérer" nos émotions, commençons par les accueillir. Transformons notre rapport avec elles en une danse harmonieuse, où nous nous autorisons à les ressentir pleinement, à les comprendre et à grandir grâce à elles.

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