Je vous conseille fortement de lire les articles précédents : Histoire d’un burn-out maternel / La Sainte Mère et le Dragon, Part. I à IV, avant de vous lancer dans cette lecture !
Si j’ai tenu, c’est grâce à mon mari.
A son soutien.
J’ignore comment il a supporté tout ça.
Nombre d’hommes auraient, depuis longtemps, disparu de la circulation.
Pas lui.
Merci.
C’est grâce à ma force de vie aussi.
Sans doute.
Bref, c’est un long, très long chemin.
Deux ans de burn-out dans le déni.
Et deux ans à tenter d’en sortir.
Le psy m’aide.
Surtout parce que je peux vider mon sac.
C’est déjà ça.
C’est insuffisant mais c’est déjà ça.
Évidemment, de mon côté, je cherche des solutions, je cherche des recettes, je cherche tout ce que je peux pour aller mieux.
J’achète un maximum de livres de développement personnel.
Je lis des blogs sur les neurosciences, la psychologie, la spiritualité, le new-age, sur la dernière méthode X ou la dernière découverte Y…
J’écoute les messages canalisés par des médiums, je tire les cartes…
Je me paye une formation en Communication Non-Violente.
Je me paye des soins énergétiques.
Je médite.
Je tente de faire les choses en pleine conscience.
Bref, je cours, assoiffée de miracle, comme un chien après un bâton.
A force de chercher, quand même, je finis par trouver un petit quelque chose.
Et ma guérison commence quand je tombe sur le Self-Coaching Model de Brooke Castillo :
« Toutes les situations rencontrées dans notre vie sont soit une circonstance, soit une pensée, soit une émotion, soit une action, soit un résultat. En partant du fait que la circonstance est extérieure à soi et que nous sommes dans l’impossibilité d’avoir un contrôle dessus, nous pouvons envisager quelle action nous pouvons mettre en place à partir de la pensée et/ou de l’émotion pour avoir un résultat qui nous satisfait. »
Alors, je commence à prêter attention à mes pensées, à voir comment je me traite.
Je commence par arrêter de m’insulter.
Ça ne suffit pas.
Mais ça lance une démarche.
Ça ouvre une brèche : et la lumière fuite.
Bon, il faut se méfier, quand même.
La pensée positive ne résout pas tout.
Loin de là.
Et je suis toujours en colère.
Et mes proches prennent cher.
Je continue le chemin, bon an, mal an.
Je continue mes recherches.
Et là, j’achète le « Manuel de méditation anti-déprime » de Segal, Teasdale et Williams.
Ça, ça a eu un réel impact.
Parce que j’ai compris ce que c’était la dépression.
J’ai compris son mécanisme.
Et j’ai pu effectuer un certain nombre d’ajustements pour l’éviter quasi-systématiquement. Y’a des fois, je replonge – je suis humaine – mais je suis capable de couper court et de rebondir !
Ça, c’est nouveau.
Ça, ça ouvre !
Je commence à aller bien. Vraiment bien, même.
Ce que je ne comprends pas, c’est que malgré toutes ces prises de conscience, tous ces efforts, toutes ces améliorations, le dragon sort encore avec la même fulgurance et la même désolation.
Moins souvent, sans doute.
Moins violemment, peut-être.
Mais quand même.
Y’a vraiment un truc que je ne comprends pas.
Il est où le problème, bordel ?!
Alors, je continue.
Mais je vais vraiment mieux.
« Hé ! Si moi je vais vraiment mieux, alors je peux aider n’importe qui à aller vraiment mieux, nan ?
C’est pas une super idée, ça ?!
Hein ?! »
Je me lance donc dans une reconversion pour devenir coach.
Avec un gros, gros syndrome de sauveuse.
Et sans aucune formation.
Je monte mon site, je fais des tracts, des cartes de visite, je crée une page facebook, j’en parle autour de moi…
« Nan mais, j’suis trop contente, c’est trop ça, et puis, tu comprends, les gens… nan mais, les gens quoi, quand ils vont me voir débarquer, ils vont trop comprendre que je peux vraiment les sortir de leur merde, quoi ! »
Bon je force le trait mais voilà quoi…
Je pars bille en tête.
Genre gros boulard dans le guidon.
Et puis je m’arrête net.
Suite à un troll reçu sur facebook : « Excroc ! », en français dans le texte…
C’est un électrochoc.
Ça m’a calmée.
Parce que, en effet, d’où j’ai les compétences, moi ?
Ouais bon, j’ai les compétences pour moi, de moi à moi, dans un contexte particulier, avec mon vécu particulier. Mais sinon ?
Et puis, j’ai encore mon problème de colère à régler.
Et puis, dans les publicités que je publie, je vends du rêve, c’est n’importe quoi. J’ai copié sur tous les praticiens en thérapie X, Y ou Z qui proposent leurs services et qui vendent des miracles. Mais ça ne me ressemble pas.
C’est pas moi, en fait.
J’assume pas.
Tant mieux, à dire vrai.
Je décide donc de trouver une formation adaptée.
Je trouve, je m’inscris.
Je passe les détails qui font que, finalement, je ne fais pas la formation de coach mais celle de praticienne en Thérapies Brèves.
Et, en attendant que ma formation commence, je bosse en CDI dans une usine de logistique.
Je m’éclate à mettre des commandes en boîtes, à manier le scotch et la colle à carton.
Je me sens utile.
Ca faisait longtemps.
Je rencontre des gens.
Des femmes.
Des mères.
J’échange, je partage. Je parle.
Ça faisait quand même près de trois ans que je n’avais quasiment plus de lien social…
J’ai lâché le psy.
Je préfère la thérapie par le travail.
Et puis j'ai la sensation de ne plus avancer avec lui.
Le dragon est toujours là, en embuscade.
De temps en temps, il sort, il brûle, il rentre et je pleure.
La formation commence.
Ou plutôt, les formations : PNL – Bases, niveau technique puis niveau praticien, et Relation d’Aide.
C’est le début de la fin.
De la fin du dragon.
En formation, évidemment, on est à tour de rôle les cobayes les uns des autres.
Je me vautre dans l’occasion de tuer le dragon.
Il prend quelques coups de lance. Mais il résiste.
Sale bête !
Et puis, je me fais accompagner par une de mes formatrices qui est également praticienne en hypnose.
Je poursuis le travail commencé pendant la formation.
Je traque le dragon.
Ça avance bien.
Il en prend un sacré coup, l’animal.
Ce que je comprends pendant tout ce travail sur moi, c’est que ce dragon, il me parle de mes valeurs essentielles. Vitales.
Le dragon, il protège l’entrée de la grotte de mes valeurs les plus fondamentales.
Son intention est positive : il me protège du Pourfendeur de Valeurs !
Sauf, qu'il ne sait pas s'y prendre...
Alors, je continue, je travaille sur mes valeurs…
Avec ma thérapeute. Et seule.
C’est laborieux.
Passionnant, mais laborieux.
Laborieux, mais puissant.
Verdict : ma valeur fondamentale, c’est la paix.
Je me soumets pour avoir la paix.
Je me rebelle pour avoir la paix.
Je fais la guerre pour avoir la paix.
Je hurle mon besoin de paix.
Ironique, non ?
Au-delà de la compréhension en elle-même, c'est tout le processus neurologique du travail effectué qui est important.
Et, ça y est, je sais comment faire maintenant.
Je suis capable de trouver des solutions pour que l’entente familiale soit bonne, pour que les enfants s'accordent, ou de les accompagner pour ça.
Je suis capable de mettre mes limites pour avoir la paix quand j'en ai besoin.
Et je suis capable de lâcher-prise quand il n’y a pas de solution immédiate ou quand cela ne dépend pas que de moi.
Et j'arrête de faire la guerre pour avoir la paix !
Je prends les décisions qui s'imposent.
Ou plutôt les décisions s'imposent et je les prends.
En fait, ça devient naturel parce que ça met du sens, de la conscience à ma façon de fonctionner. Ça me dit pourquoi je fais ça quand je fais ça.
Les relations avec les enfants sont transformées. J'y trouve même du plaisir !
Et, le meilleur, c'est que je n'ai aucun effort à fournir... ça devient naturel, j'vous dis !
C'est comme si, à l'intérieur de moi, une porte s'était ouverte et que j'avais pris une grande bouffée d'air.
Je ne me sens plus ni étouffée, ni prisonnière, ni victime de la situation.
Je me sens juste être une mère, ni sainte, ni dragon.
Absolument et parfaitement imparfaite.
Fini le combat.
Le dragon dort.
Pour un bon moment, je crois.
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